Alors qu’il existe une abondante littérature sur le « racisme », on interroge peu celui-ci comme catégorie de discours et d’action publics. On fait comme si cet objet était évident, et comme si l’action face au racisme avait la force de cette évidence. Or, la capacité que nous avons d’intervenir individuellement et collectivement sur ce problème dépend en une large mesure de la manière de nous le représenter. Qu’est-ce que le « racisme » du point de vue de l’action publique ? De quoi ce mot est-il habituellement chargé ? Comment s’envisage et comment fonctionne l’action antiraciste ?
Confrontés aux limites d’un discours moralisant « contre le racisme », et par ailleurs témoins de la banalisation de formes de racialisation et d’ethnicisation jusqu’au sein de leurs institutions, les agents publics et acteurs associatifs se sentent souvent impuissants et peu légitimes à agir. Comment comprendre la situation ? Comment résister dans ce contexte ? Comment se réapproprier ce problème, pour imaginer d’autres chemins et d’autres pratiques possibles ?
C’est pour tenter de répondre à ces questions que s’est constitué, le temps d’une recherche-action, un collectif d’acteurs locaux de la région Nord-Pas-de-Calais, accompagné par une équipe de chercheurs en sciences sociales. Fruit de ce travail, cet ouvrage vise tout à la fois à comprendre les difficultés auxquelles sont confrontées les acteurs locaux, à élaborer une critique ancrée de l’approche antiraciste du racisme, et à contribuer à dessiner de nouvelles perspectives pratiques possibles.
« Nous autres » est le nom d’un collectif d’acteurs qui, confrontés aux questions de racisme, a le souci d’interroger les limites de l’action publique et d’inventer d’autres manières d’agir. Ce collectif a été accompagné par une équipe de l’ISCRA, coordonnée par Fabrice DHUME, sociologue, chercheur associé à l’URMIS.
éd. L’Harmattan, coll. "Questions contemporaines", 2013, 271 p.
Collectif "Nous autres"
Le jeu est la forme la plus élevée de la recherche. Albert Einstein